Le 15 octobre, c’était la journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal comme je vous en ai déjà parlé ici . Quand tu as le malheur de passer par là une fois dans ta vie, c’est tous les jours que tu y penses, que tu te demandes comment aurait été ta vie si toutes ces petites personnes avaient vu le jour … Le manque s’estompe peut être avec le temps, mais ces questions ne s’effacent pas, au contraire …
Aujourd’hui 44 jours après ma dernière fausse couche, cette amertume est encore bien présente … elle est difficile à partager, difficile à faire comprendre ce qui la rend d’autant plus mauvaise!
Il n’ y pas un jour qui ne passe sans que je me projette, sans que je me demande comment serait notre vie si ce petit coeur avait continué de battre en moi. Je regarde Lino et je me demande comment il aurait réagi face à ce ventre qui aurait grossi. Et j’ai mal quand lui même se projette lors de nos lectures, et qu’il me demande qui le gardera lorsque j’irai à l’hôpital pour accoucher … (alors que je ne lui avais pas encore parlé de cette grossesse).
Il me comble énormément, la question n’est pas de savoir si nous serions mieux à 4 … mais j’aurai tellement voulu qu’il devienne le grand frère de ce petit être qui ne verra jamais le jour …
Faire une fausse couche c’est mettre un terme net au plus beau projet de vie. Malheureusement dans notre société il est habituel d’attendre la fin des 3 premiers mois de grossesse pour partager ce plus bel événement! pourquoi? je ne sais pas? … juste pour ne pas avoir à dire la vérité en cas de malheur? pourquoi?
Pourquoi en 2018 est il encore tabou de dire que l’on a fait une fausse couche? C’est une épreuve déjà tellement difficile à vivre qu’il faut en plus se la garder pour soi … je ne comprends pas …
Quoi que, si je pense à mes 3 premières fausses couches avant Lino, j’ai peut être la réponse! Lorsque j’ai vu apparaitre pour la première fois le 2eme petit trait rose, j’ai sagement décidé d’attendre la fin du premier trimestre afin d’en parler à mes copines de l’époque. Ma mère était la seule mise dans le secret. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de vivre entièrement ce premier trimestre de grossesse … mais vu que j’en avais pas parlé avant, c’était compliqué de revenir dessus après … Mes amies proches étaient soit enceintes, soit en attente de grossesse, je n’avais pas envie de leur gâcher leur plaisir.
Lors de ma deuxième grossesse, je l’ai annoncé à un cercle de personnes un peu plus grand, en profitant de l’occasion pour leur expliquer ce qui m’était arrivé 3 mois avant … malheureusement cette fois non plus, je n’ai pas vécu le premier trimestre en entier. Et lorsque j’ai annoncé à ces personnes cette fausse couche, je n’ai pas eu la réaction attendue. Je me souviens encore de ma « meilleure » amie (de l’époque) qui m’a dit : » 2 mois de grossesse, c’est rien, l’embryon est minuscule …. ça arrive souvent! » J’étais mal, malheureuse de vivre ce deuxième deuil et mal dans ma peau de me sentir incomprise. D’autres personnes très proches n’ayant quant à elles pas trouvé d’autres mots que : « la prochaine fois sera la bonne » … entendre ces mots est horrible pour une personne qui vient de perdre le petit bébé qu’elle s’imaginait déjà en train de gazouiller.
Bref, au fur et à mesure de mes fausses couches, je me suis construit une carapace, une bulle… et je me suis éloignée d’énormément de personnes que je croyais être mes amies. J’ai certainement ma part de responsabilité dans tout ça mais leurs réactions lors de ces moments si important pour moi font que maintenant ces personnes ne me manquent pas … et que je leur en veux encore un peu …
Je trouve cela dommage, triste que ce deuil périnatal soit aussi mal compris par la société, un peu comme s’il faisait peur aux gens? … Je ne sais pas si toutes les femmes passant par là ressentent les même sentiments, besoins que moi, mais personnellement j’ai souffert du manque d’empathie, de compréhension, d’affection … de condoléance.